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Ils ont découvert un trésor dans leur jardin

Novembre 2008, début du mois à Saint-Germain-lès-Arpajon (91). Dans le jardin de M. et Mme X, on creuse à tour de bras. But de l’opération : se débarrasser d’une butte mal placée. Les ouvriers ne pensent pas en avoir pour longtemps. Ils se trompent, car au beau milieu de leur travail ils feront une sacrée découverte : un magot enfoui voici plus de 1 700 ans !

 

 

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Leurs coups de pioche dégagent d’abord de la terre quelques petites rondelles vertes, grosses comme l’ongle du pouce… Stoïques, nos hommes les mettent au fur et à mesure de côté. Mais, très vite, ils tombent carrément sur une jarre en céramique qui explose sous l’impact de la pioche et répand sur la terre des milliers de ces petites rondelles ! Ni une ni deux, ils décident de tout arrêter, laissent la céramique en place et avertissent le propriétaire. Celui-ci appelle alors la mairie. Qui en informe illico la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), laquelle dépêche sur place des archéologues.

Une fois sur les lieux, les scientifiques de la DRAC et de l’Institut national de recherche archéologique préventive (INRAP) en ont le souffle coupé. Car ces rondelles, ce sont des pièces de monnaie en cuivre datant de l’époque des derniers empereurs gaulois ! Mais surtout, il y en a une quantité impressionnante. En fouillant, les scientifiques ont en effet trouvé une seconde jarre derrière la première. Ils l’ont extraite avec précaution, sans la casser. Au total, il y aurait donc environ 80 à 90 kg de monnaies, soit 30 000 à 40 000 pièces : c’est le plus gros trésor monétaire découvert à ce jour en en Île-de-France !

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À cet endroit-là, les scientifiques ne s'attendaient pas à un vestige archéologique : pas de villa ou de palais antiques connus dans les environs. D’après Christian Piozzoli, archéologue à la DRAC, il s’agit donc d’un butin enfoui discrètement dans ce coin autrefois isolé, par des Gallo-romains inquiets. Dans la Gaule romaine de ces années 280, les temps sont en effet difficiles : à force d’invasions, on ne sait plus trop à quelle sauce on risque d’être mangé… Alors, quand on a de l’argent, par précaution, on préfère le mettre de côté. Et de côté, ils en ont apparemment mis un paquet ! Il faut dire qu’à cette époque la monnaie n’arrête pas de perdre de la valeur. Si bien que pour faire une petite somme, il en faut toujours plus. D’ailleurs, même aujourd’hui, ces rondelles de cuivre ne valent pas très cher : quelques milliers d'euros tout au plus.

Mais au fait, à qui appartient le trésor ? Pour une moitié aux ouvriers qui l’ont trouvé, et pour l’autre aux propriétaires du jardin : c’est ce que dit la loi pour toute découverte fortuite sur un terrain de particulier. En ce moment, il est cependant entre les mains des archéologues de la DRAC. Car la loi prévoit aussi que l’État puisse réquisitionner des objets archéologiques découverts chez un particulier, pendant une durée maximale de cinq ans, afin de les étudier scientifiquement. Au terme de cette période, il reviendra entièrement à ses découvreurs. À moins que l’État ne décide de faire valoir ses droits de "préemption" sur des pièces qu'il juge exceptionnelles : il pourra alors les racheter au prix fixé lors d'une expertise ou à l'amiable.

Ce magot ne doit pas faire perdre la tête… Pas question pour M et Mme X de chercher d’autres pièces dans leur jardin sans en dire mot. Parce que ça, c’est strictement interdit par la loi ! Celui qui a envie de fouiller le sol, y compris sur son propre terrain, doit en faire la demande au ministère de la Culture en expliquant le pourquoi et le comment. S’il a de bonnes raisons scientifiques de le faire, il aura normalement l’aval des autorités. Mais devra céder la moitié de ses découvertes à l’État. Des règles plutôt sévères ! Mais il y va de la protection de notre patrimoine commun. En effet, les particuliers à la recherche d'un trésor n'ont généralement aucune compétence en archéologie. Du coup, ils ne tiennent pas compte des niveaux archéologiques dans lesquels ils trouvent les vestiges, ce qui rend difficile leur datation postérieure. En plus, ils ne savent généralement pas comment les traiter pour les conserver alors que ces objets se dégradent très vite une fois à l’air libre. Résultat : quand ces objets antiques ne sont pas éparpillés au fil du temps et des successions, ils finissent souvent et tout bonnement… à la poubelle ! Une perte sèche pour l’archéologie.

De toute façon, les experts sont catégoriques. Dans le terrain de Saint-Germain-lès-Arpajon, il n’y a plus une pièce : ils l’ont vérifié au détecteur à métaux. Et puis, comme ils le soulignent, les ouvriers comme les propriétaires du terrain ont fait preuve d’un civisme remarquable. Il est donc bien peu probable que ces derniers décident de retourner une nouvelle fois la terre. D’autant qu’aujourd’hui, le jardin est magnifique !

CE  QU'IL FAUT RETENIR

  • Un trésor archéologique trouvé fortuitement appartient à part égale à celui qui le découvre et au propriétaire du terrain.
  • L’État peut réquisitionner ce trésor pendant une durée maximale de cinq ans, afin de l'étudier scientifiquement.
  • Pour des pièces exceptionnelles, l'État peut faire valoir ses droits de préemption : il peut les racheter sans concurrence.
  • Si vous pensez avoir découvert un trésor, arrêtez les fouilles et contactez la Mairie. Vous pourriez abîmer les traces utiles aux scientifiques.
  • La recherche volontaire d'un trésor est interdite, même dans votre jardin. Une autorisation préalable du ministère de la Culture est requise. Si des biens sont ensuite découverts, ils appartiennent pour 50% à l'État.

Source : Banque des savoirs



01/09/2015
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